Héricendre se porte bien, merci (Eo)

« Eo ? C’est bizarre comme prénom. Moi je m’appelle Ezra. – Ma mère voulait m’appeler Echo. Mon père voulait pas. Elle a dit : alors on coupe la poire en deux. Et ça les a fait tellement rire qu’ils hoquetaient « Eo ». Enfin ça c’est ce qu’on me raconte pour m’embêter. Je crois que c’est surtout parce que dans l’ancienne langue, ça veut dire « aller », enfin ça s’y apparente. Le voyage. L’ambition. Mon frère s’appelle Ciel. Le ciel, et le voyage. Ou un truc du genre. Tu sais parfois les parents… Ezra non plus c’est pas commun. Mais j’aime bien, oui, ça me plait. » Parfois la jeune femme avait encore l’impression d’être une enfant. Ce genre de gamines qui mettaient les chaussures à talons de leur maman dans l’espoir de paraître plus mature. Elle mettait encore les jupes multicolores des gamines, et même que parfois elle avait des chaussettes Pikachu. Elle se demandait si c’était un mal – pourquoi se poser ce genre de questions alors qu’elle était face à un enfant ? Ca ne jugeait pas les enfants, si ? « Non je connais pas, je voulais y aller après Anémos. C’est joli ? Il paraît que ça l’est, et que les plages sont magnifiques ! Je viens de Bourg Ilek mais ça fait pas longtemps que je voyage. Je veux tout voir, maintenant. – Je n’aime pas trop Bourg Ilek, je trouve que c’est trop grand pour moi. C’est ce que je trouve incroyable à Néros : c’est de taille humaine. Tu vois ce que je veux dire ? Et puis je ne sais pas si tu aimes les Pokémons eau, mais là-bas, y’a le littoral pas loin. Je n’y suis pas vraiment allée très souvent mais voilà. Et puis tous les ans y’a le Festival du Léviator, tu savais ? » Elle n’était même pas certaine qu’il connaissait ce dont elle parlait mais bon…

« Woah. C’est ton premier Snubull ? – Oui, j’évite de trop attraper en double je dois avouer. J’aime bien remplir mon Pokédex malgré tout. – T’as beaucoup de Pokémons toi, non ? - Beaucoup, non, mais j’attrape pas mal oui… Après je les revends pour leur trouver une superbe famille d'accueil. Et toi ? -  T’as des conseils pour attraper les Pokémons ? – J’ai toujours quelques baies dans mon sac, parfois ça fait pencher la balance en ma faveur… Après je dois avouer que je prie un peu Arceus, et je croise fort fort les doigts. » Elle avait toujours l’impression de devoir parler aux gosses différemment d’avec les adultes… Elle ne savait pas trop si c’était logique comme réaction ou même utile mais bon… « Ca fait longtemps que tu attrapes des Pokémons toi ? Tu as assez d’argent pour t’offrir des Pokéballs ? » Elle s’inquiétait de plus en plus pour le petit garçon qu’elle trouvait attachant. « J’espère que j’en aurai plein comme toi un jour. – Bien sûr ! Je t’aiderai aussi si tu as besoin de mon aide, mais je suis persuadée que tu t’en sortiras comme un chef. Tu as déjà de très beaux Pokémons. Tu sais ça fait deux fois que je croise des Miaouss et que je n’arrive pas à les attraper ? Ils s’enfuient tous dès qu’ils me voient ! On a tous à apprendre des autres, et être dresseur, je crois que c’est avant tout une histoire de patience. J’ai pas l’air d’une vieille quand je dis ça comme ça ? s’esclaffa-t-elle, prenant conscience qu’elle ressemblait à une vieille bique faisant la morale. »

« Wow. Elle a l’air trop bien ta famille. Moi je sais pas pourquoi ils m’ont appelé comme ça. Je crois qu’ils aimaient juste bien. » Sa famille, trop bien ? Eo n’y avait jamais vraiment réfléchi pour tout dire. Elle avait toujours été heureuse, même si son frère jumeau se trouvait être trop taquin pour sa santé. « Parfois les prénoms n’ont pas besoin d’avoir une signification. Quand ils sont jolis, c’est bien aussi. Et y’a pleins d’enfants qui n’aiment pas leur prénom alors c’est déjà une bonne chose ! Et toi, tu me racontes un peu ta famille ? » Ce n’était pas du tout par curiosité mais vraiment parce qu’elle n’aimait pas passer dix minutes à raconter sa vie sans rien avoir en retour. Généralement les gens aimaient bien s’écouter parler alors Eo essayait de leur faire plaisir de temps à autres. « Oh bien sûr que je connais ! J’ai toujours rêvé d’y participer ! Tu l’as déjà fait ? – J’y ai participé cette année mais je n’ai rien attrapé malheureusement ! Ce que je préfère c’est surtout les barbe-à-papa et la soirée dansante. Tu aimerais participer à quelque chose de spécifique toi ? Tu pourras toujours tenter l’année prochaine ! Rien ne change d’une année sur l’autre. » Elle appréciait tout particulièrement ce Festival car ça lui rappelait ses souvenirs d’enfance, mais elle savait aussi que beaucoup n’aimaient pas et elle le comprenait. Par contre pour les plus jeunes ça ressemblait à un feu d’artifice, une explosion de couleurs vraiment agréable… Surtout quand on le partageait avec quelqu’un… Elle repoussa Ciel de ses pensées, essayant de ne pas regarder sa Pokémontre – elle n’aurait pas de message de lui de toute manière alors ce n’était pas la peine d’espérer.

« Moi j’en ai cinq en comptant Spike. Je les ai capturés à la plaine de la Liberté. Ils sont pas très forts pour l’instant, mais ils vont le devenir ! – Bien sûr. Tout est une question de temps de toute manière. Et il ne faut pas le confondre avec la précipitation. Le respect, j’crois que c’est le plus important. En tout cas je suis ravie que Spike et toi vous entendiez aussi bien. » C’était la première fois qu’elle avait vendu un Pokémon à quelqu’un qu’elle ne connaissait pas, mais elle avait tout de suite eu un bon feeling avec lui. Après il ne fallait pas parler trop vite, généralement elle se trompait sur les gens mais bon… Il était trop mignon pour être vraiment méchant. « Mais non ! T’es pas vieille en plus. Moi je suis content parce que mon Miaouss c’était le premier Pokémon que j’ai attrapé. Je débute donc c’était il y a pas longtemps, mais j’ai de quoi me les offrir les Pokéballs, oui. Et quand j’aurai plus de sous… Bah je travaillerai un peu. » Hé ! Travailler si jeune ? Ce n’était pas un peu interdit ? Il s’interrompit une seconde après en apercevant une petite queue rose dépasser des fourrées – encore un Snubull ? Non ! « Oh regarde ! Un Ramoloss ! » Le cœur d’Eo fit un bond en voyant ce Pokémon qu’elle trouvait trop chou. Elle encouragea son compagnon d’un petit clin d’œil et se posta sur le côté, attendant patiemment qu’ils attrapent sa bestiole. Elle ne voulait pas le déconcentrer ou apeurer le Pokémon. La Superball heurta le Pokémon, l’enferma, et après quelques secondes de toupies, s’arrêta. Attrapé ! « Wahou, bravo ! C’était une superbe capture et maintenant tu es à six pokémons dans ton équipe ! »

Eo comprit un peu trop tard que si Ezra évitait si habilement le sujet depuis tout à l’heure, c’était surtout parce qu’il ne voulait pas en parler. De nature très curieuse, la jeune femme n’aimait malgré tout pas blesser les sentiments des autres. Se grattant la tête, visiblement mal à l’aise, l’éleveuse nota qu’elle ne devrait pas retenter ce sujet par la suite. « Oh bah… Je suis fils unique, j’ai pas de frère ni de sœur. J’aurais bien aimé hein, mais je sais pas, mes parents m’ont toujours dit non. Et… J’ai pas grand-chose à dire sur eux. C’est mes parents, quoi. – Oui, j’ai pas grand-chose à dire non plus haha ! J’ai de la chance d’avoir mon frère jumeau mais on se parle beaucoup moins depuis quelques temps, dit-elle en haussant les épaules. N’en veux pas à tes parents de ne pas avoir d’autres membres dans ta famille. Ils ont certainement fait au mieux pour votre famille. » Elle voulait croire que les parents faisaient toujours tut pour leurs enfants. Et puis la mère d’Ezra avait le droit de ne pas vouloir être enceinte une deuxième fois mais elle n’était pas certaine de vouloir aborder ce genre de sujets féministes avec le petit garçon.

« Tout ! Je veux participer à toutes les attractions et tout essayer. En plus on voit que c’est la fête partout, ça doit être magnifique d’y aller. – Si tu y vas l’année prochaine, je te montrerai quelques petites choses qui ne sont pas forcément ouvertes au public, s’amusa-t-elle, heureuse de pouvoir montrer son Festival à quelqu’un qui ne le connaissait pas. » Elle avait un peu l’impression de servir à quelque chose. « Merci, on s’adore. Là je veux pas trop le sortir parce qu’il a besoin d’un peu de repos et j’ai peur que l’humidité l’affaiblisse. Mais il va super bien. – Oui c’est vrai. Ponyta est une vraie boule de feu mais tu fais bien, Spike est encore jeune et la boue ce n’est pas top pour ses petites pattes. » Au moins Ponyta avait ses sabots pour se préserver du froid. Elle remarqua les doigts du garçon caresser la Pokéball zébrée d’une petite flamme. Il courut chercher son nouveau Pokémon nouvellement attrapé. « J’suis trop content, merci de tes conseils ! Ca a marché en fait de penser à Arceus. – Ah ah, non, je suis sûre que tu avais ça en toi. - T’en as déjà eu un Ramoloss ? – Malheureusement non, mais peut-être aujourd’hui, qui sait ? Regarde ! » Elle pointa du doigt un petit Hoot-Hoot. Voilà le premier qu’elle croisait et elle avait bien envie de l’attraper. Elle sortit à son tour une Pokéball, lança une petite prière à Arceus et lança la petite maison portative.

« C’était quoi ton premier Pokémon ? – C’est mon Evoli chromatique, mon beau Lullaby. J’ai toujours voulu d’un Pokémon, sauf que mes parents me l’ont toujours interdit. Pas avant mes vingt ans, qu’ils disaient. Surtout parce qu’ils n’avaient pas envie que je parte trop tôt, ou alors qu’ils avaient peur que je maltraite mon Pokémon. Ils voulaient aussi que je travaille un peu avant, que je mette de l’argent de côté. Alors c’est ce que j’ai fait. Ce sont eux qui ont choisi Lullaby au marché aux pokémons et qui me l’ont offert. Depuis ce jour-là, je suis partie de Néros. Et toi, j’imagine que c’est Prim non ? Amusant que nous ayons tous les deux reçus un shiny comme premier pokémon. » Jamais elle n’avait reçu plus beau cadeau, surtout venant de la part de sa famille. Elle se souvenait encore de la joie qui avait explosé dans ses poumons de cette vague de chaleur, de reconnaissance presque. Ca avait presque presque comme on révélation, une obligation même. Elle se demandait encore comment elle avait fait pour vivre sans Lullaby. Il posa ses pattes sur ses genoux, réclamant un câlin. Il devenait toujours un peu plus tendre lorsqu’elle évoquait leur première rencontre. Elle le prit dans ses bras non sans avoir ramassé la Pokéball qui contenait désormais le Woot Woot. « Bravo ! Tu comptes le vendre ? – Merci ! Oui je pense, tout comme le Snubull – j’aime étudier quelques jours leur comportement, noter quelques informations. Je passe aussi quelques jours en leur compagnie, pour voir si nous sommes compatibles. Si ce n’est pas le cas… Je leur trouve d’autres propriétaires. » Elle glissa sa nouvelle trouvaille dans son sac. Pour être honnête, elle ne s’était laissée tentée par le Hoothoot et le Snubull que parce qu’ils ne nécessitaient pas l’utilisation de Superballs. Bien plus rares et plus chères, lorsqu’elle en envoyait une, elle faisait toujours attention à ce que ce soit pour un Pokémon qui en vaille suffisamment la peine. Pour les Pokéballs elle n’était pas si regardante, adorant découvrir de nouvelles petites bestioles au fil de ses rencontres.

« Et toi, tu comptes vendre certains de tes Pokémons ? – Erk, lui répondit-il en découvrant une Arakdo près d’une flaque boueuse. Je tombe toujours sur des araignées moi… - Tu sais que je me suis fait courser par une Mimigal une fois, aux plaines ? J’ai eu la trouille de ma vie ! Alors c’est peut-être moi qui te porte la poisse. » Sa petite Germignon, beaucoup plus curieuse et moins craintive s’avança pourtant vers ce nouvel arrivant, qui lui répondit plutôt gentiment. Cherchant une Pokéball à son tour, il semblait vouloir tenter sa chance. « Bon, je… Je vais essayer. Enfin… Je vais voir. On pourra pas dire que je l’ai pas fait hein ! – Ce n’est pas moi qui vais te juger. Tu es très courageux ! Je te regarde. » S’exécutant, le jeune garçon tenta d’attraper le Pokémon : sans succès toutefois, puisque l’Arakdo ressortit presque aussi de la petite maison pour partir à toute vitesse, tricotant de ses pattes filandreuses. « Woh ! Mince, je suis désolée pour toi… Je suis sûre que nous trouverons d’autres Pokémons encore plus intéressants que celui-ci, allez, on ne se laisse pas avoir et on continue. » L’optimisme, toujours – ils n’arrêteraient que sur une bonne capture et pas sur une déception de toute façon. « Et pour ce qui est du Festival, eh bien c’est surtout que je connais la plupart des gens qui y travaillent alors ils me font passer en premier au lieu de faire la queue, ils m’offrent des sessions gratuites de jeux ou encore des friandises qui coûtent trop chères pour mon modeste porte-monnaie… » Autant reparler d’un sujet agréable – ça pleurait les enfants, non ? Elle avait pas envie qu’Ezra se mette à pleurer.