En marchant encore un peu plus, Oscar, Newt et Goupix tombèrent face à un cul de sac de roche. Il se gratta la tête, l’air ennuyé, et lança un regard désolé à ses deux Pokémons.
« Bon désolé… J’ai pas le sens de l’orientation. »
C’était le moins qu’on pouvait dire dans une telle situation. De plus, il n’avait qu’une carte papier, et se maudit. Peut-être aurait-il dû en programmer une dans sa Pokémontre comme certains le faisaient. Il était probablement beaucoup moins préparé qu’il n’aurait dû l’être pour affronter une région qu’il ne connaissait absolument pas. Gêné, il se passa la main dans les cheveux, et fit demi-tour. Il était naturellement bordélique et avait un mal fou à mettre de l’ordre dans ses affaires. De ce fait, il était peut-être un peu suicidaire de vouloir explorer tout le continent pour compléter le Pokédex, mais il se rassurait en se disant que rien ne pourrait jamais lui arriver s’il était prudent. L’adaptation était plus importante que la préparation après tout, non ?
En revenant sur ses pas, le petit groupe décida de bifurquer vers la côte afin de trouver de nouveaux Pokémons. Peut-être trouveraient-ils davantage de Pokémons eau en même temps, et puis la vue de l’océan était toujours particulièrement agréable pour Oscar qui aimait y noyer son regard brun.
Se diriger vers la plage avait été la bonne décision à coup sûr. Quelques minutes plus tard, ils tombèrent sur un nouveau Pokémon aux couleurs qui rappelaient celles de Goupix. En y regardant de plus près, au prix de quelques efforts peu discrets, ils s’aperçurent qu’il s’agissait d’un petit Sabelette de glace. Oscar haussa les sourcils et regarda son Goupix.
« Vous êtes tous de glace, ici ? On peut pas dire que le climat soit fait pour, pourtant. »
En effet, avec une telle météo, il était bon de se demander pourquoi. Cette île semblait être l’opposé même de Palacia qui était connu pour ses Pokémons glace, alors pourquoi y en avait-il autant ? La plupart des Pokémons avaient-ils leur version glacée ? Oscar mit à nouveau son index sur sa bouche pour faire signe à ses amis de ne pas faire de bruits, et vint déposer quelques Poffins pour attirer le petit Sabelette. En le voyant s’approcher, il esquissa un sourire. Il était mignon, c’était un Pokémon intéressant. Il tenta donc de l’amadouer un peu plus, lui parla de ses ambitions, lui montra Osselait et Goupix, puis essaya de le capturer en faisant attention à bien viser.
Maintenant qu’il entamait sa quatrième tentative de capture de Pokémon, il était étonné de voir à quel point il prenait goût à ce petit suspens et cette petite excitation qui s’emparait de ses tripes à chaque fois qu’un Pokémon disparaissait dans une Pokéball. Il se mordit la lèvre en voyant celle-ci gigoter plusieurs fois avant de s’immobiliser encore une fois.
« Bon sang, c’est que je deviens bon ! »
Ses lèvres s’étirèrent dans un sourire en coin, faussement arrogant alors qu’il se redressait et qu’il faisait traditionnellement rebondir la ball dans sa main.
« Eh beh, je ne m’attendais pas à avoir autant de Pokémons de glace si rapidement. Encore moins ici. »
Newt approuva d’un hochement de tête. Goupix elle, vint renifler la Pokéball, et avec sa truffe, appuya sur le bouton de cette dernière. Le petit Sabelette roulé en boule en sortit et les regarda avec curiosité. Oscar le laissa s’habituer à leur présence, et lui tendit quelques Poffins qu’il avait encore dans sa main valide.
« Hey. Je m’appelle Oscar. »
Le petit Sabelette pencha la tête sur le côté et le nouveau collectionneur lui sourit pour le rassurer. Il se doutait que ce devait être un peu violent comme façon de faire, ainsi s’efforçait-il d’y aller avec autant de douceur que possible. S’il y avait bien des êtres qui ne méritaient pas d’être brusqués, c’était bien les Pokémons.
Toujours accroupi devant le petit Sabelette blanc, il le laissa grignoter quelques Poffins avant que le Goupix ne vienne à sa rencontre. Oscar acquiesça.
« Ah bah oui voilà, explique le lui toi, ce sera peut-être plus clair. »
Il était à moitié tendre, à moitié exaspéré envers lui-même. Les formules de tendresse n’étaient pas forcément son fort, pas parce qu’il ne les aimait pas mais parce qu’il n’y était pas habitué. Il les appréciait pourtant, mais pour le moment elle s’apparentait davantage à de la maladresse qu’à de la véritable douceur. Goupix, avec son charme naturel qui envoûtait les humains comme les Pokémons, en plus de sa délicatesse, serait probablement un peu plus capable de lui montrer qu’il serait heureux parmi eux. En attendant qu’il y parvienne, le regard du jeune collectionneur s’égara au loin au cas où un Pokémon croiserait son champ de vision, mais il ne vit qu’un Airmure gambader au loin. Un sourire étira ses lèvres. C’était la première fois qu’il pouvait se dire « Nope, j’en ai déjà un. ». Et c’était une sensation agréable.
« Goupix ! »
« C’est bon ? Ca te va, Sabelette ? Super, alors allons-y. »
Il passa sa main sur la petite tête du Pokémon qu’il connaissait comme un Pokémon sol, se redressa, et reprit la route aux côtés de Newt qui balançait fièrement son os vers le ciel à chaque pas, à la façon d’une majorette enjouée. Attendri, Oscar sourit à nouveau.
Ils arrivèrent bientôt non loin de la plage, dont la présence leur fut indiquée par l’apparition aussi soudaine que rapide d’un petit Ptitard qui hulula joyeusement avant de disparaître dans les fourrés. Oscar se gratta la tête et regarda autour de lui.
« On aurait peut-être dû aller de l’autre côté ? Y a plus d’herbe là-bas j’ai l’impression. »
Avec vaillance, Newt escalada un rocher à la force de ses petits bras pour s’y percher et scruter les horizons en protectant ses yeux du soleil à l’aide de son os. Aussi fou que cela pouvait paraître, il avait le même os depuis qu’il le connaissait, et il ne l’avait jamais perdu. Oscar n’avait jamais compris comment, vu toutes les fois où il aurait pu l’égarer, mais il avait toujours gardé le même. C’était une énigme pour tout le monde, et lorsqu’on lui posait la question, le jeune homme se voyait incapable de donner une réponse. À ses côtés, Goupix semblait toujours discuter avec Sabelette. Il trouvait cela étrange de voir à quel point la relation entre ses nouveaux Pokémons et lui-même s’était faite rapidement. Il pouvait sentir une certaine réserve avec Sabelette, mais pour ce qui était de Goupix, c’était comme s’il l’avait possédé depuis des années. C’était à se demander si les Pokéballs n’avaient pas l’effet d’une attaque Charme.
Oscar s’était exclamé ces quelques mots à l’adresse de son meilleur ami qui, toujours très concentré sur sa tâche, était dressé tel un suricate sur son rocher. Ce dernier secoua la tête pour lui faire signe que non, et le collectionneur se sentit un peu découragé. Il soupira, se gratta la nuque avec nervosité et se résolut à sortir la carte de son sac à dos. Comme il fallait s’y attendre, il eut un mal fou à déplier la carte, bien trop grande pour être écartée par des bras humains, et se retrouva noyé sous une foule d’informations qui lui semblèrent inutiles.
« Wow, j’suis grave avancé, » indiqua-t-il avec sarcasme.
Il poussa un soupir, puis posa la carte sur le sol. Aussitôt, Goupix et Sabelette s’en approchèrent pour y jeter un coup d’oeil. Oscar s’assit devant elle.
« Si vous comprenez un truc vous me faites signe. »
Cette carte avait probablement été dessinée par des Tygnons avec leurs gants de boxe.
Un Goélise passa au-dessus de leur tête, et Oscar le suivit des yeux dans l’espoir qu’il ne s’envole vers de nouveaux Pokémons. Evidemment, ce ne fut pas le cas, si bien que le jeune homme se gratta à nouveau la tête en posant son menton dans sa main. Il observa la carte, et grimaça en réalisant une chose importante.
« Déjà ce serait cool de savoir où on est, ça aiderait, je pense. »
Goupix posa pourtant sa patte à un endroit spécifique de la carte, pas loin de la pointe nord-ouest. Oscar fronça les sourcils et regarda plus attentivement.
« Du coup faudrait qu’on aille ici ? »
Il ne se demanda pas comment Goupix arrivait à mieux lire une carte que lui. À ses yeux, un Kokiyas nouveau-né en serait capable. Il espérait cependant pouvoir trouver un endroit intéressant, et il déplorait devoir utiliser une carte dans ce but. Il se rendit cependant à l’évidence, et aurait probablement continué son décryptage de ce bout de papier infernal s’il ne sentit pas Sabelette plonger sa petite tête ronde dans la poche de son sac à dos, l’entraînant en arrière.
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