catch them all but do it alone #2 [capture solo]

Sois gentil, ne t'éloigne pas de moi. C'est en disant ces mots qu'Engharad trébucha sur une pierre, vacilla sur ses appuis et failli s'étaler de tout son long. A ses côtés, Blackcender s'était immobilisé, tournant la tête vers la dresseuse et lui offrant la faible lumière de sa capacité flash pour éclairer ses pas. Venir ici seuls n'était peut-être pas une bonne idée ; s'il arrivait quelque chose à la jeune femme, ce n'était pas son évoli qui pourrait lui venir en aide et son téléphone ne captait pas le réseau dans les profondeurs de la grotte du néant. Prenant soin de vérifier où elle posait les pieds, Engharad adressa un rapide hochement de tête au pokémon qui reprit les devant de la marche et tout deux continuèrent à s'enfoncer dans les ténèbres des entrailles de la terre. C'était la première fois qu'elle venait ici - peut-être même serait-ce la dernière - et même si l'endroit n'était pas très attrayant, plusieurs personnes lui avait juré qu'il regorgeait de pokémons. C'était là l'unique raison de la venue de la dresseuse.

A à peine deux mètres devant elle, Blackcender s'arrêta de nouveau et se mit à grogner. Les pupilles d'Engharad se rétrécirent à presque deux fentes, tentant tant bien que mal de capter un peu de lumière et de percevoir les formes qui l'entourait. Là, tout au fond, à moitié dissimulé dans une sombre alcôve, elle pu soudainement discerner les contours d'un pokémon. Son corps rata un battement et, sans qu'elle n'ai eu besoin de dire quoi que ce soit, l'évoli se précipita en direction de l'inconnu pour le faire sortir de sa cachette et le révéler à la lueur de sa compétence flash.

C'est ainsi qu'un minuscule Phanpy sortit de l'obscurité. Engharad, souvent insensible à la beauté des mignons petits pokémons, sentit son cœur flancher lorsqu'elle vit la détresse et la peur passer dans le regard de la petite boule bleue. D'un sifflement bref, elle rappelle évoli et lui intima de cesser sa course ; le pauvre petit pokémon semblait de toute manière bien trop craintif pour être apprivoisé. Elle le regarda donc disparaître dans les méandres de la grotte, un sourire sur le lèvres, avant de rejoindre Blackcender et de continuer sa traque. Elle intercepta le regard étonné de ce dernier et, relevant les yeux, lâcha d'un air presque détaché : Je souriais parce qu'il avait l'air con. Du coin de l'oeil, elle aurait pu jurer voir une lueur amusé s'allumer dans les prunelles de l'évoli, mais elle décida de ne pas y faire attention et prit les devants. Bien vite, elle sentit la boule de poils remonter au niveau de ses jambes, frôler sa peau et revenir éclairer le chemin de la grotte.

Au détour d'un petit couloir creusé dans la pierre, Blackcender s'arrêta à nouveau, imité immédiatement par Engharad. Là, sur le sol, et grâce à la faible lumière qui régnait tout de même dans la grotte, ils purent tous les deux discerner une ombre s'agrandissant sur le sol. Le sourire de la dresseuse réapparu dans ses yeux et sur ses lèvres.

Mais lorsqu'Engharad avança davantage, quelle fut sa déception en découvrant une petite tête marron sortant de terre ; elle avait eu la malchance de tomber sur taupiqueur sauvage. Elle n'avait jamais croisé de tel pokémon mais elle savait - elle avait surement dû lire ça dans un livre étant petite - que ces créatures vivaient le plus souvent dans les fermes, les humains se servant de leur capacité à faire des tunnels pour aider au labourage des champs. C'était des créatures de la terre, parfois de la nuit, qui s'affaiblissaient grandement au contact des rayons du soleil et qui, de ce fait, préférait vivre sous la peau fraîche du monde ou, comme ici, dans les cavernes. Allez ouste, tu ne m'intéresses pas. Et comme pour appuyer ces mots, Blackcender s'approcha du taupiqueur pour déverser sa lumière sur lui. Aussitôt, le pokémon rentra sous la terre, laissant les deux compères à nouveau seuls.

Haussant les épaules, Engharad attrapa son sac, le fit passer devant elle et y plongea la main pour en sortir une petite bouteille d'eau. Se servant de sa main comme d'un récipient, elle fit d'abord boire Blackcender, puis avala quelques goulées avant de reposer la bouteille dans le sac et de se remettre en marche. Elle n'avait fait qu'une dizaine de pas qu'elle ralentit considérablement le pas, posant son doigt sur ses lèvres à l'intention de l'évoli avant de pointer ce même doigt vers une forme à quelques mètres d'elle. Un autre pokémon.

Un nidorina. Une femelle ; cela se voyait à la couleur bleuté de sa peau qui captait et renvoyait la douce lumière que dégageait l'évoli. Les yeux d'Engharad s'écarquillèrent, brillant eux aussi dans l'obscurité comme si elle venait d'avoir une vision céleste, de croiser l'objet de ses désirs, l'incarnation de ses rêves. Elle pensait alors à Pulpoison, son nidoran, qui devait se retourner dans sa pokéball et qui serait devenu fou à la vue d'une telle beauté. Mais la dresseuse ne pouvait se laisser aveugler ainsi - il lui fallait être en pleine possession de ses moyens pour parvenir à capturer ce pokémon. Elle la voulait, c'était certain.

Posant son sac sur le sol et demandant du regard à Blackcender de ne pas bouger, de ne pas lui faire peur, elle plongea à nouveau sa main entre les tissus et remua tout son bazar jusqu'à que ses doigts se referme sur une superball ; elle en avait peu et se les réservait pour les grandes occasions. Pour les grands pokémons. Abandonnant ses affaires, elle fit un pas en avant, lentement, doucement, puis un deuxième, avant de s'immobiliser. La nidorina lui tournait le dos et semblait occupé à mâcher ce qui devait être son repas. Une chance pour Engharad - peut-être que ce manque d'attention l'aiderait à la capturer. Elle prit ainsi une grande inspiration, s'assura une dernière fois de ses appuis, et lança la superball en direction du pokémon. La courbe fut parfaite et la ball vint toucher la nidorina entre les omoplates, la faisant disparaître dans un léger nuage de fumé. Aussitôt, Engharad ferma les yeux et se mit à compter, priant intérieurement pour que la capture soit une réussite. Un. Deux. Trois ...

Son visage se décomposa littéralement lorsque, après avoir rouvert les paupières, elle découvrit la superball gisant sur le sol et la nidorina en dehors, la fixant de ses grands yeux, visiblement partagée entre la curiosité et la colère. Engharad ne perdit pas une seconde, s'abaissant et attrapant une seconde superball dans son sac - qu'elle serait déçue si le pokémon s'enfuyait, détruisant à lui seul pour deux cent pokédollars de matériel et, plus important, tous les espoirs de la dresseuse. Mais pour le moment, elle ne voulait pas songer à ce qu'il se passerait dans le pire des cas ; il fallait se concentrer sur le moment présent, sur la trajectoire de la ball et sur le but qu'elle visait. Elle allait y arriver.

Elle prit donc une deuxième grande inspiration, se força à calmer son pouls et à chercher une once de calme dans son esprit en ébullition. A ses côtés, Blackcender semblait perdu ; devait-il produire plus de lumière pour qu'Engharad soit sûre de réussir son coup ou cela risquait-il de faire fuir le nidorina, ne laissant même pas à la dresseuse la chance de réessayer son coup ? Finalement, l'évoli décida de ne rien faire si ce n'était de reculer de quelques pas, redoutant l'issu du lancé et, surtout, l'humeur d'Engharad si celui-ci venait à échouer. Cette dernière, après un long moment, fini par se mettre en mouvement. Elle lança la ball avec toute la force qu'elle avait - un concentré de colère et de frustration - en direction du pokémon. Si cette dernière ne touchait pas son but, elle ne répondrait alors plus de rien ...

Et la ball tourna. Tourna. Tourna. Pendant des secondes qui lui parurent durer des minutes, des heures. Une éternité même. Elle vacilla si fort qu'Engharad s'imaginait déjà voir le pokémon briser une deuxième ball et s'enfuir dans l'ombre. Une boule de stress était venu se former dans sa gorge, l'empêchant de respirer, de parler. Ses jambes semblaient tétanisées et il ne restait d'elle qu'un regard vide, qu'une bouche entrouverte et une chevelure rose portée par la légère brise s'engouffrant dans la grotte. Et puis, sans même qu'elle le réalise, la superball s'immobilisa. La dresseuse ne bougea pas, presque sous le choc, et c'est Blackcender qui s'en approcha. Du bout de la patte, l'évoli poussa la ball, qui roula quelques centimètres plus loin. Plus rien. L'air s'engouffra alors brutalement dans les poumons d'Engharad et, dans un moment d'hystérie intense, elle se mit à hurler dans la grotte. Son cri se répercuta contre les murs, s'amplifiant dans un eccho sans nom, assourdissant l'endroit et faisant surement fuir toute forme de vie qui s'y trouvait. Mais elle s'en fichait ; elle avait son nidorina. Courant jusqu'à l'évoli, elle l'attrapa dans sa bras et se mit à tourner sur elle-même avec lui. Blackcender couina au début, puis se laissa porter dans la danse et accepta finalement à contre-coeur qu'elle se serve de lui comme d'une peluche sur pattes.

Finalement, lorsque l'excitation retomba, Engharad posa le pokémon sur le sol et alla chercher la pokéball sur le sol. Elle y déposa un baiser avant de la glisser dans sa poche et, se retournant, adressa un clin d'oeil à l'évoli. « Je crois qu'on va rentrer, tu en penses quoi ? » Blackcender remua les oreilles ; il était d'accord.