"Il faut que tu y ailles mon grand, il est temps que tu réalises ton rêve." Aaron était près du lit, une chaise abîmée par le temps lui servant la plupart des nuits de lit. Il tenait entre ses mains les doigts de sa mère. Les larmes gorgées ses yeux marrons. S'il l'avait écouté les premiers jours, ça ferait bien longtemps que son périple aurait commencé, mais à chaque fois qu'il se décide à faire son sac, qu'il se décide à quitter la ville, son cœur se déchire. Il n'arrivait jamais à se résoudre de prendre sa vie en main, de devenir un véritable dresseur pokémon. D'un revers de la main, il essuie la larme qui commence à couler sur sa joue droite, puis la replace avec l'autre. "Depuis tes huit ans, tu me parles de devenir un dresseur, c'est ton rêve Aaron, il est temps que tu le réalises, tu ne peux rester à mes côtés jusqu'à la fin, il faut que tu vives ta vie, que tu prennes ton envol." Belle tournure de phrase, pour une femme qui habite à l'endroit même où est située l'arène des pokémons de type vol. "Mais c'est bien ça le problème, tu seras plus avec moi lorsque je serais parti." Dans un effort bien trop intense, la femme apporte sa main jusqu'à la poitrine du jeune Price, appuyant sur le côté gauche, sur le côté de son coeur. "Tu te trompes mon grand, je serais toujours à tes côtés, juste ici." Il baisse la tête, cachant sa tristesse, il aurait aimé que la dernière image que sa mère aura de lui pour un temps soit un jeune homme plein de joie, mais il n'avait pas le coeur à ça, il n'arrivait pas à sourire, à être heureux, car il savait très bien que sa mère était condamnée. "Je t'aime, et je t'aimerai toujours, tu le sais. Je suis fière de l'homme que tu deviens, il est temps que toi aussi, tu sois fier de toi." Il repoussa sa chaise avec l'arrière de ses genoux, et vint déposer un long baiser sur le front de la femme qui l'a élevé. Elle a raison, et il le sait, il est temps pour lui d'entreprendre ce voyage dont il rêve depuis longtemps, et de toute façon, ce n'est pas en restant cloué à Anémos qu'il arrivera à payer les frais médicaux de sa mère. "Je t'aime aussi, maman."
Ses pas se faisaient lourd, tandis qu'il quittait la maison qui l'avait vu grandir ces vingt dernières années. Son sac à dos sur l'épaule, Hope dans sa pokéball, il était désormais près à partir. Il enfile donc son casque, et verrouille la porte de sa maison, gardant un double des clés sur lui, au cas où. Un léger morceau de piano se lance, au rythme de sa marche. Il prenait la direction du centre pokémon, il connait une infirmière là-bas, une amie, qu'il avait promis de saluer avant son vrai départ. C'était pour lui quelque chose de symbolique, car il ne l'avait pas fait une seule fois lors de ses derniers essais. Dans la rue, il salue quelques personnes d'un geste de la main, "C'est un petit gars d'ici" disent les petits vieux lorsqu'il prend le temps de se promener. Son état d'esprit mélangeait excitation et tristesse, ce qu'il ressentait au plus profond de sa poitrine, cette chaleur étouffante, accompagnée de frissons de hâte. "Alors, c'est le grand départ hein ?" Le visage ridé d'un homme d'une cinquantaine d'années arborait un sourire sincère. C'était un ami à sa mère, et pour lui répondre, Aaron retira son casque. "Oui, c'est aujourd'hui." Sans qu'il ne s'y attende, l'homme attrapa le garçon qu'il avait vu grandir dans ses bras, lui offrant une chaleureuse accolade. "On s'occupera bien d'elle, ne t'en fais pas. Allez va, une nouvelle vie t'attend." Il sourit, sincèrement, un sourire qu'il n'avait pas arboré de la semaine. D'un signe de la tête, il remercia Lance, avant de reprendre son chemin vers le centre de soin pour pokémon. Devant, des gamins jouaient, simulant des combats, d'autres discutaient. Des voyageurs venaient faire soigner leurs pokémons, d'autres demander des renseignements, cette ville regorge de vie, et ce depuis des années. Aaron se planta alors devant l'entrée, regardant celle-ci avec un air mélancolique, le temps était venu de faire ses adieux, le temps était venu de partir.
Les lianes de Bazaar le Bulbizarre s’enroulèrent autour du poignet d’Aaron, avant de l’inviter lentement à entrer dans le Centre Pokémon. Voilà cinq minutes que le garçon attendait devant la devanture, sans vouloir s’engager à l’intérieur. Quelque chose le taraudait, et Baz pouvait le sentir comme elle sentirait l’odeur des amandes grillées – concrètement, très bien. Elle adorait les amandes grillées. Elle en raffolait, même. Elle aurait pu en manger nuit et jour si la fleur qui lui servait de dos arrêtait de gesticuler, se plaignant de maux de ventre ou quelque chose du genre. Eo l’obligeait bien à arrêter, mais elle se sentait toujours un peu déçue quand elle comprenait qu’il faudrait attendre un peu plus avant d’en manger d’autre. Peut-être que le garçon était triste de ne pas avoir mangé d’amandes grillées : la petite Bulbizarre avait envie de le réconforter. Tu verras, Eo, elle a toujours des amandes grillées sur elle, tu seras plus heureux après. Peut-être qu’il n’était pas d’accord : elle s’en fichait bien, voilà que l’air conditionné du Centre caressait leur peau.
Eo venait de faire soigner Lullaby et Buckbrush et avait autorisé sa petite dernière, Baz, à se promener devant le Centre avant de repartir d’Anémos. Elle savait qu’elle discuterait encore un long moment avec Ava, une infirmière qu’elle appréciait tout particulièrement. Elles s’étaient rencontrées lors d’un stage de cette dernière à Néros, qui tentait d’implanter une nouvelle forme de médecine, douce, à base d’herbes médicinales. Elles avaient eu un peu de mal à garder contact évidemment, mais alors qu’Eo faisait une petite halte à Anémos, elle se voyait mal passer sans la saluer. La discussion s’était éternisée et le temps qu’elle revienne, Baz avait certainement eu dix fois le temps de se perdre. Sauf que cette dernière recrue n’agissait pas du tout comme son Evoli. Elle était sage, bien éduquée, et ne sautait pas sur tout le monde à qui mieux-mieux. Oh, elle avait une étrange addiction pour les amandes grillées, mais l’éleveuse ne pouvait pas se plaindre – elle aimait tellement ça que l’excuse de « c’est pour mon Pokémon » lui sauvait bien la mise lorsque les regards se faisaient trop insistants. Enfin, voilà qu’Eo se retournait dans l’espoir de retrouver son petit Pokémon, lorsqu’elle l’aperçut, aux prises avec un jeune homme qu’elle ne reconnaissait pas. De toute façon elle ne connaissait pas encore grand monde à Anémos malgré les quelques jours passés au sein de la ville. « Bazaar, lâche-le monsieur s’il te plait. Je suis désolée, elle ne se comporte pas comme ça d’habitude… » Eo, un peu décontenancée attrapa le poignet du jeune homme (il devait avoir son âge à peine) essayant de défaire les lianes du Pokémon Plante. Pourtant, quand elle s’attarda sur les signaux envoyés par Baz, elle comprit enfin. « Euh, elle veut que je vous donne des amandes, sinon elle ne vous lâchera pas. » La jeune femme farfouilla dans son sac pour y trouver un paquet d’amandes, qu’elle ouvrit, elle en glissa une poignée dans sa main, dans l’optique de la donner au dresseur – il était dresseur, n’est-ce pas ? En tout cas il avait un sac de dresseur. Bazaar signifia son envie d’en avoir aussi un peu, alors Eo en mit quelques-unes de côté pour la petite morfale. Pourtant, tous les signaux de son Pokémon restaient encore en alerte, comme si elle souhaitait lui communiquer quelque chose. La dresseuse ne comprenait pas encore tout ce qu’elle voulait dire, ce langage n’étant pas encore le sien, mais elle tentait de se l’approprier tant bien que mal. La Bulbizarre trouvait le garçon triste, et ne voulait pas le laisser faire son voyage seul. Je peux pas le stalker non plus parce qu’il est triste, Baz ! C’est sa vie, on y peut rien ! Qu’elle voulait lui dire, mais elle ne pouvait, il était juste là. Parle-lui ! lui intima son Pokémon. La sensibilité de ces petites bestioles était bien différente de celle des hommes et Eo se fiait souvent aux pressentiments de ses compagnons. « Vous… em, il fait bon dehors ? J’avais peur qu’il se mette à pleuvoir, je n’étais pas certaine d’avoir la tenue adéquate. » Ca veut rien dire meuf, se flagella-t-elle toute seule.
✧ Il était perdu dans ses pensées, cinq minutes étaient passées depuis qu'il s'était arrêté devant le centre pokémon, mais pour lui seules quelques secondes s'étaient écoulées. Ce qui le ramena sur terre, c'est le Bulbizarre qui venait d'entourer le poignée du jeune homme d'une fine liane. De suite, ses yeux se sont débloqués de l'enseigne pour venir fixer le pokémon, et un sourire prit place sur son visage d'ordinaire fermé. Il s'accroupit pour se mettre au niveau de la petite créature, et penche la tête. "Oui, tu as besoin de moi ?" Aaron respecté les pokémons, chaque pokémons. Et près d'eux, il agit comme un grand frère, un protecteur qui est là pour les aider, pour répondre à leurs besoins. Il n'avait jamais eu l'occasion de communiquer avec un Bulbizarre, et donc, il n'avait aucune idée de ce qu'il, ou elle voulait. Il décida donc de le suivre vers l'endroit où cette plante sur pattes décidait de l'emmener. Il pénétra dans le centre pokémon, et l'air frais de l'intérieur vint saisir sa peau, bien différente du temps lourd de l'extérieur. Jetant un coup d'oeil à son sac à dos, il murmura : "J'y pense, j'ai pas laissé Hope s'amuser aujourd'hui.." Il plonge sa main dans on sac, toujours attiré par le Bulbizarre, et attrapa la pokéball dans laquelle son Héricendre passe beaucoup de temps. Il la libéra, et lui dit dans calmement. "Reste dans les parages Hope, on ne va pas tarder à partir." L'Héricendre montra son approbation, mais avant de s'éloigner de quelques mètres, elle vint frotter son museau contre la cheville de son dresseur, ressentant son mal-être quotidien.
Une voix attira son attention, il décida donc de regarder à nouveau devant lui. Une femme vint lui adresser la parole, qui s'excuser pour l'attitude de son pokémon. Aaron décrocha un léger rictus, serrant ses lèvres l'une contre l'autre avant de dire. "Il n'y a pas de problème, ne vous inquiétez pas." Il s'abaissa de nouveau, caressant la tête du Bulbizarre, donc il connaissait désormais le sexe. "Elle n'a pas été désagréable, ne vous inquiétez pas." Il se hisse sur ses jambes, se remettant au niveau de la femme, celle-ci vint attraper son poignée afin de défaire les lianes. Elle avait des mains douces, froides. Malgré ses efforts, elle ne réussit pas à défaire les liens, et justifia son échec en disant que c'était parce que son pokémon, Bazaar, voulait qu'Aaron mange des amandes. "Des.. Amandes ?" Son rictus qui était apparu plus tôt, se transforma en sourire gêné. "S'il le faut, je me sacrifie alors." Aaron laissa la jeune femme le servir, et il s'empressa de les manger. Les lianes du pokémons ne ne maintenaient plus son poignée, mais pourtant, celui-ci semblait toujours préoccupé par quelque chose. Il avait dû ressentir qu'Aaron n'allait pas bien, qu'il avait besoin de quelque chose, ou quelqu'un. Hope revint frotter son museau contre la cheville de son dresseur, et il la regarda avec un sourire sincère, mélancolique, mais sincère. Ne sois pas triste., il avait envie de lui répondre "Si tout était aussi simple." Mais il ne pouvait pas, pas ici, pas maintenant. Il ne s'attendait pas à ce que la jeune femme relance la conversation, qui pour lui était déjà terminée. Jetant un coup d'oeil vers l'extérieur, il gratta l'arrière de sa tête, et répondit non sans une légère gêne. "Oh non, il fait lourd, mais la pluie n'est pas prête d'arriver, ni l'orage." Quelques secondes après, qui semblaient très longue, il décida de conclure. "Si vous voulez un astuce, regardez à quelle hauteur se positionne les pokémons qui volent autour de la tour, Si c'est bas, il vaut mieux se couvrir, sinon, tout va bien." Son pokémon tentait de grimper son sa jambe, par jalousie ? Aaron ne savait pas trop, mais il avait remarqué que Hope était beaucoup plus câlin lorsqu'il portait son attention sur une autre personne, notamment les femmes. Il l'attrapa donc dans ses bras, priant pour que cette fois-ci, elle ne se décide pas de faire sortir le brasier de son dos. "Et euh... Appelez moi Aaron, c'est.. Euh, mon prénom." Il ne savait pas si c'était la nature totalement hasardeuse, son départ imminent ou simplement la femme qui le rendait nerveux, mais sa gêne s'amplifiait à chaque fois qu'il réfléchissait à quel mot dire.
« Elle n’a pas été désagréable, ne vous inquiétez pas. » Eo respira un peu plus librement en comprenant que le jeune homme n'était pas sur les dents - elle retenait toujours un peu son souffle en engageant la conversation avec un inconnu. Certains étaient un peu violents, d’autres paumés, et d’autres encore n’avaient juste pas envie de discuter. Alors même si le garçon ne semblait pas exactement heureux de la voir – quoi qu’il avait cette tristesse dans le regard, celle qui vous transperce, pas de celles qui sont passagères – au moins était-il poli, et plutôt avenant. « S’il le faut, je me sacrifie alors. – Merci. Elle pense que c’est la meilleure des choses lorsqu’on est… disons… » Elle voulait pas dire triste, elle n’avait pas envie de s’immiscer dans la vie du jeune homme. Et elle ne voulait pas non plus lui donner une raison de s’inquiéter de ce dont il avait l’air. Quand Eo était triste, elle préférait ne pas le partager avec le monde environnant : elle voulait préserver cette pudeur, si toutefois il en avait une. « Incertain de la suite des évènements. » Oui, voilà, c’était joliment dit. En tout cas pas très maladroit. Eo remarqua soudainement le petit Pokémon qui se cachait entre les jambes de son propriétaire.
« Oh non, il fait lourd, mais la pluie n’est pas prête d’arriver, ni l’orage ! Si vous voulez une astuce, regardez à quelle heure se positionne les Pokémon qui volent autour de la tour. Si c’est abas, il vaut mieux se couvrir, sinon, tout va bien. – Oh ! Je ne savais pas, merci du conseil. Je ne suis pas d’Anémos alors certaines choses me paraissent encore floues. » La petite Héricendre tenta de grimper dans les bras du garçon, et celui-ci l’attrapa. « Elle est magnifique. Elle a un petit nom ? » Lullaby et Buckbrush n’étaient pas sortis pour le moment, mais le Salamèche aurait certainement adoré faire un câlin à la petite boule de feu. Eo avait toujours eu un attrait particulier pour les Pokémon de type Feu, et elle trouvait les Héricendre incroyablement mignons. Enfin, elle n’était pas déçue : jamais elle n’aurait imaginé obtenir un Evoli chromatique comme starter, elle ne pouvait pas se plaindre. « Et euh… Appelez-moi Aaron c’est... euh, mon prénom. » Il semblait gêné, et même si Eo aurait eu envie d’en rire, elle se demandait aussi si elle ne commençait pas à l’importuner. Mais Bazaar continuait de se coller à ses jambes, l’air de dire de continuer la discussion. « Enchantée, Aaron. Moi c’est Eo. Et tu peux me tutoyer, Enfin si tu préfères je peux continuer à te vouvoyer mais… enfin bref. Tu t’apprêtais à partir pour les plaines ? » Elle était peut-être un peu trop insistante, la demoiselle – il y avait des gens avec un regard de cocker sans forcément être tristes véritablement. Il fallait qu’elle arrête de toujours écouter ses Pokémons. Ils n’avaient pas la même façon d’envisager les choses que les êtres humains. Peut-être que son Bulbizarre sentait des choses qu’Eo ne pouvait pas percevoir. Elle aurait aimé voir au travers de ses yeux, une fois. Est-ce qu’ils voyaient les mêmes couleurs ? Les mêmes formes ?
Elle profita de cet instant pour le détailler un peu plus – ses chaussures ne semblaient pas abîmées, son sac à dos nonchalamment posé sur son épaule non plus. Elle se demandait si lui non plus n’était pas un nouvel aventurier – ce qui expliquerait son hésitation devant le Centre Pokémon – il n’avait pas l’air d’être un habitué. Ou alors hésitait-il pour quelque chose de plus complexe ? Peut-être qu’il y avait une fille qui lui plaisait et qui travaillait ici ? Quand Eo n’avait rien à faire, elle se posait à un café et elle contemplait les gens. Leur style, leur dégaine, leur façon de marcher et de parler, curieuse d’imaginer leur vie. Elle s’inventait tout un monde, bien souvent à l’opposé de ce qu’elle pensait. Peut-être que ce garçon venait tout juste de racheter tout son matériel et profitait de l’odeur de l’été sur le palier de la porte. Peut-être qu’il attendait son Héricendre, même si elle ne semblait pas vouloir s’en détacher une seconde. Elle aurait peut-être une réponse avec ses propos.
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