Équipe 4 : HOPE AMICITIA

Maison hantée

Feat Hope Amiticia

L'automne était définitivement confortablement installé. Les feuilles mordorées quittaient leurs berceaux boisés pour recouvrir le sol bétonné de Bourg-Ilek. En grand habitué du casino avant sa temporaire fermeture, Mako avait naturellement eu vent de l'événement organisé pour la réouverture prochaine de son établissement de prédilection. Trois secondes lui avaient été largement suffisantes pour accepter l'invitation qu'il avait reçu. Après tout, il ne pouvait manquer cet événement. Les maisons hantées ne l'inspiraient pas réellement, mais cette soirée était en l'honneur du casino, ce qui motivait sa présence. Ainsi, le jeune homme prit la direction de cet établissement à la façade inquiétante à son retour d'une mission policière.

Mako ne savait pas ce qui l'attendait au sein de cette bâtisse, visiblement habitée par quelques esprits. Elle n'avait pénétré dans aucune d'entre elles par le passé. Dans sa campagne d'origine, aucun événement mobilisant autant de fond et de travaux n'était organisé. Le Lieutenant découvrait ainsi les joies d'habiter dans une vaste ville, où tout lui semblait vivant. Lorsqu'il résidait près d'Anemos, il avait passé tous ses précédents automnes à dévorer des sucreries. Inutile de préciser que les sensations qui l'attendaient cette année-là était autrement différentes, et bien moins appréciables.

Accompagné de sa Férosinge et son Germignon, Mako ouvrit la porte avec soin, dans un grincement qui manqua de fracturer ses tympans. Il y découvrit une pièce ronde, froide et humide. Un silence inquiétant y régnait. Le Lieutenant hésita à s'aventurer avec plus de profondeur, avant de se souvenir qu'il avait mené des missions bien plus terrifiantes que la mise en scène qui se dessinait sous ses yeux. Prenant son courage à deux mains, Mako esquissa un premier pas, puis les autres le menèrent jusqu'à un couloir qu'il estimait comme à la suite à emprunter.

Quelques toiles d'araignées plus tard, Mako s'était engouffré dans le ténébreux corridor, en rythmant son avancée de quelques soupirs. Subitement, Megy poussa un cri quasi-inaudible, et vint se réfugier derrière son dresseur, complètement terrorisé en apparence. Maki adopta une réaction bien différente, et s’insinua davantage dans le couloir. Mako la suivit des yeux, et discerna une silhouette humaine plus ou moins proche. « Bonjour, je m'appelle Mako ! Tu dois être mon binôme... n'est-ce pas ? », lança le jeune homme, avec plus d'espoir que de certitude.

014 © Lunay's invention

Maison hantée

Feat Hope Amiticia

Mako détailla à nouveau la silhouette qui contrastait difficilement dans l'obscurité une nouvelle fois, afin de déterminer le genre de la personne qui l'accompagnerait dans les méandres de la terreur artificielle. Aucun cheveu fin ne semblait virevoltait malgré la brise glaciale, et la taille du tour de poitrine l'invitait à penser qu'il s'agissait davantage de biceps plutôt qu'un buste féminin... Point somme toute assez subjectif. Sans qu'aucun doute ne puisse persister, c'était un homme qui lui barrait la route. Le Lieutenant aurait de loin préféré la compagnie d'une membre de la gente féminine. Il l'aurait volontiers invité à se réfugier de la peur qui l'habitait dans ses bras, à la croisée de chaque nouveau piège. Ce scénario aurait été probable si l'événement de la réouverture du casino s'était déroulé quelques semaines auparavant. Désormais, la psychologie de Mako était bien différente, depuis une certaine rencontre autour d'un mojito entremetteur. Le policier ne s'était sûrement pas séparé de son caractère séducteur, qui le suivrait plausiblement jusqu'à son dernier souffle. Toutefois, il assistait à la naissance de limites jusqu'alors inexistantes, qu'il n'avait aucune envie d'outrepasser. Ce n'étaient guerre la culpabilité et la honte qu'engendreraient le franchissement de ses frontières qui lui faisaient peur. Il n'en avait tout simplement envie. Il n'avait jamais été aussi optimiste depuis que des papillons s'étaient entêtés à tordre anarchiquement son abdomen, et ne ferait rien pour le leur en empêcher.

La voix qui résonna dans le couloir confirma l'hypothèse policière de Mako. Surpris, Mako nota que cette rencontre chargée en testostérone n'était guère placée sous le signe de la confiance masculine. « Euh... Je viens de la portée d'entrée ? Je pense que tu as du arriver avant moi, ce qui explique que tu sois plus avancé que moi dans ce couloir... Sinon, enchanté Hope ! », supposa le jeune homme, avec un sourire gêné. Il s'agissait de la première qu'il était l'interrogé, et non l'interrogateur. « Désolé de te l'apprendre, mais tu vas devoir me supporter pendant toute la traversée ! Estime-toi chanceux, j'suis pas un froussard ! », lui confia-t-il avec un humour peu développé, sans être persuadé par son propre discours.

Quelques petits cris inquiétèrent le Lieutenant, avant qu'il ne baisse le menton et s'aperçoive des pokémons qui accompagnaient son binôme. Pas un froussard, hein ? Malgré l'obscurité quasi-totale, les pupilles de Mako réussirent à discerner des teintes rosées. Il renonça aussitôt à l'idée de reconnaître de quelle créature il s'agissait, compte tenu que ses connaissance en termes d'espèces de pokémons étaient assez limitées. Il commençait cependant à s'en construire une base solide, depuis que la profession de collectionneur s'était imposé à lui.

Les doutes de Hope refirent surface, et invitèrent involontairement un rire niais du Lieutenant. Se retrouver dans la peau du suspect lui était tellement inhabituel que cette situation l'amusait plus que de raison. « Tu n'as pas peur d'entrer ici sans savoir ce qui t'y attends ! C'est une maison hantée, ouverte à l'occasion de la prochaine réouverture du casino de Bourg-Ilek. Tu ne trouves pas que c'est la période idéale pour ce genre de divertissements ? », expliqua Mako au jeune homme avec un sourire qu'il ne pouvait réprimer. Évoquer la réouverture de sa maison secondaire le rendait réellement impatient. Bientôt, il redécouvrirait l'excitation de chaque mise de pokédollars, l’enivrement des excellents cocktails qu'il pourrait y déguster... Mais avant toutes ces réjouissances, l'heure était aux frissons. « Si tu veux savoir, je suis le Lieutenant de police de Bourg-Ilek, alors tu n'as vraiment pas à avoir peur », lâcha-t-il avec une mine transpirant l'assurance. « Tu connais la règle, à toi de me dire qui est Hope ! »

Le longévité du couloir prenait fin, avec le sourire qui égayait les lèvres du policier. Une brume glacée s'échappait de ce qui semblait être une nouvelle salle, les invitant à y pénétrer. Après une seconde d'hésitation, Mako se livra au jeu. L'ambiance est était extrêmement pesante, tout comme le silence qui y régnait. Un puissant frisson parcourut le Lieutenant de la tête aux pieds, comme si un spectre venait de le traverser. Le jeune homme plaqua ses bras contre son torse, paralysé par la température frigide cette nouvelle pièce, avant de contempler ce qui lui faisait penser indéniablement à une scène de crime abandonnée. Des lettres d'un cramoisi sanguin se dessinèrent devant ses pupilles dilatées.Il s'agissait là d'une réponse physionomique à l'absence de lumière, mais la peur qu'il ressentait à cet instant apparaissait comme une source tout aussi coupable.

014 © Lunay's invention

Maison hantée

Feat Hope Amiticia

Une fine brume s'échappait des lèvres de Mako à chacun de ses expirations, signe de son extrême frigidité. Le jeune homme avait beaucoup de mal à supporter le froid, accoutumé au climat doux de la campagne d'Anémos. La seule hâte qui l'habitait était de quitter cette salle glaciale. Les effets spéciaux auxquels il avait pu assister dans cette même salle ne pouvait que conforter cette envie. Lorsqu'un semblant de peur s’immisçait dans son esprit, accélérant déraisonnablement sa fréquence cardiaque, le Lieutenant tentait de se raisonner et de garder les pieds sur terre. Tout n'était qu'artifices. Des artifices si réalistes qu'ils effaçaient la frontière entre réalité et délires. Mako était policier, et avait à de nombreuses fois confronté à cette utilisation des nouvelles technologies pour le tromper lors de ses missions. Toutefois, il s'en était toujours sorti avec brio, ce qui lui avait permis d'accéder à une promotion. Ainsi, séquestré dans cette maison hantée, Mako devait oublier qu'il était un jeune homme frivole amateur de casino et autres luxures. Il devait se mettre dans la peau du Lieutenant Clarton.

Lorsque son binôme évoqua la sortie de cette pièce, Mako lui adressa un franc sourire, qui exprimait son accord des plus résolus. « Oui, tu as raison. Je ne vois aucune raison de s'éterniser ici. Partons maintenant, avant de finir en glaçons », proposa-t-il, avant de repérer un nouveau couloir à l’extrémité de la chambre froide. Avant de la quitter, Mako se mit à genou et prit son Germignon dans les bras, qui semblait souffrir tout particulièrement du froid. Megy était encore jeune, et son dresseur se devait de le protéger de toute agression, en combats comme dans chaque épisode de vie quotidienne. Le cuir de son pokémon était givré, ce qui invita à frisson à parcourir le corps du jeune homme lorsque son Germignon fut plaqué contre son torse. Dans l'optique de réchauffer le corps de son compagnon, le policier désadapta quelques boutons de l'unique chemise qui le revêtait, et recouvrit le corps verdoyant de Megy avec le tissu déployé. La température corporelle de Mako ne s'en vit que diminuée, mais la santé de ses pokémons était bien plus importante que son confort personnel.

Le Lieutenant, satisfait de son action, jeta un regard furtif à Hope et se lança tête baissée dans le nouveau corridor, sans savoir quelles surprise les attendaient cette fois-ci. Ce couloir n'était pas plus éclairé, mais avait toutefois le mérite d'être davantage tempéré. Le jeune homme oublia l'inquiétant couloir qu'il traversait, concentrant toute son attention sur l'état du compagnon verdoyant plaqué contre son torse. « Hope, tu es éleveur c'est ça ? Est-ce que tu sais comment réchauffer des pokémons frigorifiés ? Je crois que j'ai fait le maximum, mais je ne suis preneur si tu as une autre idée », adressa-t-il à son binôme, sans être certain qu'il possédait une autre solution à ce problème.

Finalement, son attention retenue par Germignon, Mako ne s'était pas rendu compte que le couloir touchait à sa fin et qu'il avait déjà entamé un pas dans une nouvelle pièce. Stupéfait, le jeune homme releva le menton et fut ébloui par une lueur azurée. Sa vision accoutumée à l'absence de lumière, ses pupilles se rétractèrent à la vue de cette source inattendue. Après quelques secondes d'adaptation, il fut possible au jeune homme de détailler la pièce avec curiosité. Une fois de plus, cette dernière était vide, et seul le mur comportait des indices. Il s'en approcha prudemment, et y décerna une suite de chiffre. Mako resta poster devant la cloison durant de longues secondes, avant que le lieutenant Clarton n'apparaisse.

« Un énigme, bien entendu. Je pense que nous devons former un mot, ou un nom avec ces chiffres. La logique voudrait que chacun de ses chiffres corresponde à une lettre, ou une syllabe », confia le jeune homme à son binôme, avant de s'emparer d'un post-it égaré dans une de ses poches du jean qu'il portait. Il remarqua qu'un numéro de téléphone y était inscrit, et tenta de se souvenir à qui il appartenait. Il haussa finalement les épaules à l'abandon de cette idée. Une fois de plus, il avait encore du abuser de la vodka.

Stylo en main, le jeune homme fit d'innombrables tentatives, si bien que son post-il, jaune d'origine, fut recouvert d'encre noir. Parfois, Mako laissait échapper de légers grognements, ou se soutenait le crane, signes de la torture mentale à laquelle il s'adonnait. Un soupir vint finalement conclure ces essais infructueux. « C'était vraiment long ! Toutefois, je ne sais pas si j'ai la réelle clé de cette énigme. Hope, je ne sais pas ce que tu en penses, mais cette suite correspondrait au pokémon Crustabri. Qu'as-tu trouvé de ton côté ? »

014 © Lunay's invention