Équipe 1 : IONA ALLINGTON

Iona avait beaucoup hésité lorsqu'elle avait été conviée à l'évènement d'Halloween du Casino de Bourg Ilek. En fait, pour être totalement honnête, ce qui l'avait le plus stressé était de se rendre dans l'immense ville qu'était la capitale régionale plutôt que la maison hantée en elle-même. On pourrait penser qu'une dresseuse de Pokémon psy partage l'aversion de ses Pokémon pour le type spectre, mais pas forcément, en fait. Après tout, les Pokémon insectes étaient eux aussi des "ennemis" des types psy, mais elle avait bien un Scarhino, après tout.

Au final, lorsqu'il avait fallu traverser la ville, Iona avait tremblé, n'avait pas été tranquille du tout et Astoria avait du l'apaiser tout le long de la traversée. Maintenant qu'elle avait pénétré dans le casino, la jeune femme rousse était quasiment aussi zen que d'habitude, rassurée et soulagée de ne plus être dans le bruit et dans l'agitation de la foule et des voitures.

Franchement, comparé à l'épreuve de la ville, la maison hantée ne lui semblait même pas si effrayante. A vrai dire, la jeune femme s'imaginait plus dans un jeu de rôle et était même plutôt amusée, attendant avec impatience de voir quelles épreuves les attendait. Astoria était aussi placide que d'habitude, tandis qu'Hélios était peut-être un peu plus nerveux, mais sans excès.

L'évènement se faisait par binôme d'humains, et visiblement, Iona était la première. Elle attendait tranquillement dans la pièce petite et sombre, peut-être pas aussi tranquille que si elle était sur la plage, mais presque. Pour l'occasion, elle avait même mit une robe noire imprimée de têtes de mort et de roses qu'elle trouvait très à propos. Non, vraiment, après l'épreuve de la ville, elle attendait de voir ce que cette maison hantée avait dans le ventre. La seule chose qui surprit Iona fut lorsqu'elle entendit un cri strident de Pokémon : un Canarticho. Elle avait failli échapper son thermos de thé. Sa partenaire était donc arrivée.

— Bonsoir June.

Elle rit légèrement aux mots de sa collègue championne d'arène.

— J'avoue que si une bande de Pokémon spectre nous attaque, il nous faudra peut-être de l'aide. Cependant, Astoria et Hélios n'ont pas peur. N'est-ce pas ?

Astoria hocha la tête calmement, s'amusant avec ses cuillères, l'air de rien. Quant à Hélios, même s'il était probablement nerveux, il se redressa de toute sa taille, avec une fierté insolente, prêt à protéger sa dresseuse chérie.

— Tu es prête ? J'ai hâte de voir ce que cette maison hantée nous réserve ! On y va ?

La douce et gentille Iona arborait à présent un grand sourire motivé, presque excité, très peu adapté à la situation, qui la ferait presque passer pour une psychopathe.

Buvant une gorgée de son thé vert à la fleur de cerisier, Iona sourit à la championne de l'arène d'Anémos. Elles se connaissaient effectivement bien, les sept champions se retrouvant régulièrement. La rousse s'entendait particulièrement bien avec Emily, qu'elle appréciait retrouver dans un salon de thé pour médire un peu sur le monde, même si ce n'était pas le style de Iona. C'était aussi le cas pour June, avec qui elle partageait ce côté calme. D'ailleurs, la championne psy appréciait beaucoup la ville d'origine de son ainée, aimant profiter du calme émanant des arbres présents en abondance à Anémos. Grâce à cela, Iona n'était pas forcément effrayée, du moins, pas encore.

— Je suis certaine que ça ne sera pas si horrible que ça.

Il y aurait sans doute des fantômes, classique des maison hantée, des Pokémon spectre sauvages, peut-être ? La jeune femme rousse nota mentalement qu'elle avait des pokéballs sur elle. Elle ignorait si elle saurait s'occuper de tels Pokémon et si ses Pokémon psy pourraient s'entendre avec eux, mais quand elle voyait qu'Oscar s'entendait bien avec Bilbo, il n'y avait pas de raison. Et puis de toute façon, il n'était pas certain que dans le feu de l'action, il serait possible de "chasser" du Pokémon.

Les deux championnes d'arène avancèrent donc un peu, avant que la température ne chute de plusieurs degrés dans la salle. Iona ne pu s'empêcher de frissonner à cause du froid. Mais malheureusement, maladroite comme elle était, elle échappa son thermos encore quasiment plein, ce qui provoqua un véritable maelström de thé. Elle n'eut cependant pas le temps de réagir, puisque trois mots qui ne semblaient pas avoir de rapport les uns avec les autres apparurent devant les deux jeune femmes. Les lettres semblaient avoir été écrites en sang, ce qui, d'une certaine manière, fascinait assez Iona, qui fronça tout de même les sourcils. Était-ce une intimidation ?

— Les effets spéciaux sont chouettes...

Comme à son habitude, la championne de Dilitirio était un peu dans un autre monde et s'extasiait plus sur la façon dont étaient écrits les mots que sur leur sens. Hélios se tenait tout près de sa dresseuse, prêt à la défendre au péril de sa vie en cas de danger. Quant à Astoria, elle restait placide mais tout de même bien sur ses gardes, ce froid et ces mots ne valaient rien qui vaille. Iona se mit à réfléchir aux paroles de sa collègue, et répondit peut-être un peu à côté de la plaque en voulant appuyer son idée d'énigme.

— Maelström... Tu crois qu'on aurait du venir avec nos maillots de bain ? J'ai laissé le mien à Dilitirio.

Elle semblait un peu ailleurs, mais en même temps, c'était un moyen comme un autre d'échapper à la peur. Finalement, elle se baissa pour chercher à tâtons son thermos à présent vide : il était trop précieux pour elle pour qu'elle l'abandonne dans la maison hantée.

La championne de l'arène de Dilitirio ne savait absolument pas ce qui les attendait, mais elle était à peu près sûre que ce qui était inscrit sur l'invitation était exagéré et qu'il ne leur arriverait rien de trop grave. C'était le côté optimiste de Iona qui pensait toujours positif, surtout concernant les gens. Elle avait bien entendu des rumeurs comme quoi le casino appartenait plus ou moins à la Team Rocket et ça ne l'étonnerait pas plus que ça. Mais dans ce cas, c'était plus pour leurs Pokémon qu'il fallait avoir peur que pour elles. Et Iona ignorait s'ils prévoiraient une grosse opération de vol pour Halloween : pourquoi n'avoir parlé d'emmener que deux Pokémon alors qu'ils pouvaient augmenter leurs vols avec des équipes complètes, après tout ?

De ce fait, Iona profitait juste de l'ambiance, toujours assez calme et comme déconnectée de la réalité.

La jeune femme sourit à la remarque de son aînée, acquiesçant au passage.

— C'est vrai que ce n'est pas un temps à mettre un Caninos dehors. D'ailleurs, même le climat était là pour nous mettre dans l'ambiance, j'ai cru que j'allais m'envoler, avec ce vent. D'ailleurs, ça se passe comment pour les Pokémon vol quand il y autant de vent ?

Iona faisait la conversation à June comme si elles étaient dans un salon avec du thé et des petits gâteaux alors qu'elles étaient dans une sinistre maison hantée. C'était un comportement typique de la championne d'arène, qui pouvait en dérouter plus d'un. Mais même si ce n'était pas prémédité, peut-être que cette attitude pouvait détendre son binôme, ce qui ne pouvait être que bénéfique pour la suite.

Après qu'elle ait ramassé son thermos à présent vide - pour son plus grand désespoir -, les deux championnes pénétrèrent dans la salle suivante, sans en savoir plus à propos des mots flottants. Le point positif était qu'elles n'avaient pas à gérer le fameux maelström. Par contre, elles se retrouvèrent face à une autre énigme inscrite sur le mur, un os se trouvant bien en évidence sur le sol. Assez fascinée, Iona se demanda à quoi ou à qui il avait bien pu appartenir, tandis que le Canarticho de June quitta son épaule pour lui apporter l'objet.

Tandis que Iona s'avançait vers le mur sur lequel l'énigme était inscrite accompagnée de ses deux Pokémon, June émit une hypothèse quant à la réponse.

— C'est vrai que je ne vois pas meilleure réponse. Va pour Farfuret !

Tandis que June faisait tourner l'os dans ses mains, Iona toucha le mur un peu partout. Il semblait que même si l'os n'était pas extrêmement pointu, le mur était assez mou à un endroit pour qu'on puisse utiliser l'os pour y graver la réponse.

— J'ai l'impression qu'on peu écrire ici, juste en dessous de l'énigme. Le mur est moins rigide. J'imagine qu'ils ont tout prévu. De toute façon, on a que cet os comme outil... S'il fallait simplement parler, je suppose qu'on aurait déjà moyen d'accéder à la suite, non ?

Iona attendait donc que June écrive "Farfuret" sur le mur à l'endroit qui semblait prévu à cet effet. Elle avait tellement hâte de voir la suite ! Et elle était bien contente d'être en binôme avec la championne spécialisée en Pokémon vol, elles se complétaient bien et la rousse passait un très bon moment. Cela semblait être aussi le cas de ses Pokémon, même s'ils semblaient un peu moins à l'aise que leur dresseuse, méfiants concernant la présence potentielle de Pokémon spectre.

La championne de l'arène de Dilitirio avait toujours été une personne assez curieuse et s'il semblait à son entourage qu'elle parlait souvent de façon totalement aléatoire, Iona était systématiquement intéressée par la réponse lorsqu'elle posait une question. Elle ne faisait pa partie de ces gens à demander des choses par politesse : Iona n'en voyait pas l'intérêt, trop de politesse tuant la politesse, préférant la sincérité. C'était peut-être cette forme d'innocence sans arrière pensée qui conduisait la jeune femme à penser un peu naïvement le meilleur des gens. Aussi écoutait-elle avec attention la réponse de June, intéressée. En soi, il n'était effectivement pas étonnant que de grands oiseaux telles que la Roucarnage et la Rapasdepic s'en sortent bien alors qu'un oiseau de taille plus modeste ait davantage de mal à ne pas se laisser emporter. La rouquine tiqua cependant sur un point, pour lequel elle s'était toujours posé une question qu'elle n'avait jamais formulé à voix haute.

— Tu n'as jamais trouvé ça curieux ce nom ? Canarticho, je veux dire. Certes, je crois que je ne connais qu'Icare, mais il me semble qu'il n'aime que son poireau, pas d’artichaut, si ? Les scientifiques spécialisés en Pokémon ne s'y connaitraient pas en légumes, alors ?

Cette pensée était en soi sans intérêt, mais une fois encore, tandis qu'elle parlait de cela, il n'y avait pas de soucis à se faire quant à l'environnement stressant et oppressant de la maison hantée.

— En tous cas, j'ai entendu dire que les dresseurs sous-estimaient souvent Icare alors que ce n'était surtout pas la chose à faire.

Globalement, Iona n'avait jamais eu ce problème. Les challengers étaient plutôt impressionnés par les Pokémon psy en général et ils venaient donc préparés en conséquences. Dans l'ensemble, la jeune femme n'avait donc jamais eu à écraser des dresseurs trop confiants : ils entendaient parler d'Astoria et avaient plutôt tendance à craindre les pouvoirs psychiques qui n'étaient au final pas tangibles. Par contre, il était vrai qu'on riait parfois de Bilbo, mais la rousse se disait qu'il le cherchait un peu, faisant le clown dès qu'il en avait l'occasion. C'était aussi pour ça qu'elle avait choisi de ne pas l’amener. Ce fait là, mais aussi le fait qu'il était plutôt froussard, même si elle l'aimait de tout son cœur.

En voyant la complicité de June et de son Canarticho, Iona ne pu réprimer un regard vers son Mentali, qui ne la quittait pas des yeux. Hélios était aussi un peu du genre à trop faire le fier, mais pas pour les mêmes raisons : elle savait à quel point le Pokémon Psy l'adorait et était possessif avec elle, voilà tout.

La championne d'Anémos inscrit donc la réponse à l'énigme sur le mur, à l'aide de l'os. La jeune femme rousse eut envie de la complimenter sur sa jolie écriture, mais elle n'en eut pas l'occasion puisque l'accès à la salle suivante leur fut accordé : de toute évidence, elles avaient répondu juste et il fallait effectivement se servir du seul instrument à disposition pour avancer. Les deux dresseuses furent accueillies par une lumière bleutée, ce qui les changeait de l'obscurité : c'était plutôt étrange, ce qui plaisait à Iona, comme on pouvait se l'imaginer. La Roucarnage de June avait une fois de plus joué le rôle d'éclaireuse, faisant le tour de la pièce pour finalement attirer leur attention sur une autre énigme. Un nombre, dont la principale caractéristique semblait être la symétrie, était inscrit sur le mur, comme si on l'avait griffé. Une fois de plus, le nom d'un Pokémon était à découvrir. Avant même que la cadette n'ouvre le bouche, l'aînée avait exprimé tout haut la réponse.

— Tu as raison. Le nombre étant symétrique, le nom est forcément un palindrome et spontanément, il n'y en a aucun autre qui me vient.

Il y avait forcément une sorte de code pour découvrir la réponse, mais là, c'était assez clair pour qu'elles soient sûres de leur coup.

Lorsque June lui demanda si elle avait déjà rencontré un Girafarig, les yeux de la jeune femme se mirent à briller.

— Oui, mais jamais à l'état sauvage. J'aimerais beaucoup en entrainer un, un jour : je trouve ce Pokémon fascinant ! Il a deux cerveaux, même si celui de sa tête arrière est trop petit pour penser, il permet aux Girafarig de ne jamais être totalement endormis.

En entendant ça, Hélios ne semblait pas très content et fit mine de bouder, ce qui fit rire sa dresseuse qui le souleva de terre comme un gros chat, pour le prendre dans ses bras, sans dire un mot de plus. La jeune femme échangea un regard complice avec son Alakazam, qui ne lui ferait jamais de pareilles crises de jalousie.

— Il y a certains Pokémon vol ou même autre que tu rêverais de rencontrer ou d'entrainer ? J'aimerais tellement rencontrer Mew pour ma part...

La rouquine sembla entrer en transe à la pensée du Pokémon légendaire, ce à quoi Hélios répondit par un coup de langue sur la joue de sa dresseuse, histoire de la faire revenir parmi eux.